LE PUITS
DES MEZES : FONDATION DU VILLAGE d'après G LOBEROT
Puits des Mèzes
peut-être interprété "Puis des Cultures"
(POTIUM, le puits en latin, désigne une surélévation
de terrain). Le village est sur les hauteurs qui séparent
la vallée de la Marne et celle du Rognon.
MEZES vient du latin "mansus"qui signifie exploitation
agricole.
En 1552, nous trouvons la forme ancienne "PUY DES MAIZES".
Après bien des changements, au cours des XVII et XVIII
siècle, l'orthographe se fixe. La forme actuelle du nom
date de 1870.
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Nous n'avons trouvé
aucunes mentions du Puits des Mèzes avant le commencement
du XVI siècle. C'était à cette époque
une simple métairie appartenant à l'abbaye de la
Crête. En 1528, furent ajoutées à cette métairie
d'autres terres, friches et broussailles, le tout laissé
sous condition d'une certaine quantité annuelle de grain
pendant trois vies (père à la mort du petit-fils)
à un nommé Jean Roy, comme principal preneur. La
métairie était devenue le "grainage"
du Puits des Mèzes. L'embryon du village allait se développer
autour de la métairie des moines défricheurs.
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Le territoire actuel se
divise en deux parties bien distinctes, séparées
par le village.
La partie nord, la plus étendue, appelée "par
la haut", possède la cote maximum de 385 mètres.
La partie sud, dénommée "par le bas",
descent dans la courbe de Darmannes à 328 mètres.
On se demande comment un village a pu se développer dans
une région sans sources et où l'établissement
des puits est impossible. C'est alors qu'il ne faut pas oublier
que la partie basse, au sol assez profond et fertil, possédait
des cuvettes argileuses où l'eau superficielle s'ammaissait
pour former des "marchats" à mares.
En témoignent les lieux dits actuels :
- la plaine des trois marchats
- marchat du haut du fays
- montant du chemin d'Esnouveaux, les Fontenailles.
Les terres de l'ancienne métairie s'étendaient
dans cette contrée où les animaux pouvaient s'abreuver.
La partie haute, rocailleuse et maigre, dont les nombreux buissons
jolonnent le déboisement, est celle qui fut ajoutée
à la métairie par les moines en 1528 et délimitée
en 1552 et 1559 comme nous le verrons plus tard.
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Des contestations étant
survenues entre les religieux de la Crête et les habitants
de Mareilles au sujet des limites de leurs territoirs, un abornement
eut lieu.
L'accord du 30 mai 1552 fait mention de bornes entranchées
qui indiquent désormais le finage de la Crête et
du Puits des Mèzes. Toutes les bornes dont il est parlé
dans cet accord existent encore. L'une d'elles, appelée
"borne de l'enclume" porte toujours le même nom.
Le grainage avait déjà
des limites précises
La concession à
vie accordée aux habitant en 1528 présentait de
sérieux inconvénients :
- le lot de terre qui nourissait le père ne pouvait plus
nourrir les petit-fils de la famille
-quand le baux venaient à expirer, les terres restaient
incultes
Ces inconvenients se firent sans tarder fortement sentir. En
1598, certains baux sont expirés et les autres bien près
de leur terme. La population, nombreuse vers le milieu du siècle,
est alors réduite à 20 habitants :
Chefs de familles : Didier Roy dit Massey - Denis FORGET - Pierre
GAUTHEROT Claude GAUTHEROT - Nicolas GAUTHEROT - Jean THIVET
- Pierre FORGET - Nicoals CRESSY - Pierre NAVET - Nicolas GAUTHIER
- Laurent ROY - Nicolas ROY - Nicolas L'ESNET - ROY le jeune
- Nicolas FOURRIER - Pierre THIEBAUT - Francois ROY - Jacquette,
veuve de feu Jean HUOT - Francoise, veuve de feu JACQUEMART.
Les autres habitants, à l'expiration de leur bail, ont
quitté le grainage pour d'autres exploitations. Aussi
les laboureurs ne peuvent plus cultiver toutes les terres dont
beaucoup sont en friches. De plus, le village a été
dévasté par les guerres pendant 35 ans de 1563
à 1598. Beaucoup de maisons sont en ruines, si bien que
l'abbé de la Crête n'a touché que peu de
revenus pendant les dernières années.
Il recevra encore bien moins dans l'avenir, puisque les habitants
qui restent sont décidés à quitter le grainage
à l'expiration de leurs bail. Ils veulent, comme ils le
disent, "se retirer dans d'autres pays comme les autres,
leurs cohabitants, où ils trouverons plus de commodités
pour gagner leurs vie."
Pour remedier à cet état de chose, les religieux,
dans leur interret, furent d'avis de remplacer l'accensement
à vie par l'accensement perpétuel.
A cet effet, fut passé à Langres, le 19 Aout 1598,
un contrat entre Charles des Cars, évêque de Langres
et abbé de la Crête d'une part, et ROY et THIEBAUT,
laboureurs du Puits de Mèzes d'autre part.
Ces laboureurs représentaient tous les habitants du grainage,
à la suite d'une procuration passée à Biesles
par Philippe Doyen et Francois Paintendre, notaire royaux au
baillage de Chaumont, prévoté de Nogent le Roi.
Voici les conclusions importantes de ce traité, inspirées
de celles de la procuration du 18 août 1598 :
L'évèque de Langres délaisse aux habitants
du Puits des Mèzes, avec faculté de laiser à
leurs héritiers et successeurs, le grainage dont il indique
les limites. Il leur laisse en outre, comme par le passé,
la jouissance des droits d'usage dans les bois, de pâturage
et de vaine pâture. Mais ces habitants seront perpétuellement
redevables aux abbés de la Crête :
-pour chaque récolte exeptée celle du chanvre,
du droit de tierce de sept gerbe l'une (les chenevrières
pour lesquelles les habitants étaient exempts de ce droit
se trouvaient closes de murs qui existent encore en partie).
-à la St Martin, d'une poule ou de huit sous sournois
pour cette poule et de six livres de cire ou de deux écus
pour cette cire.
-du droit des lots et ventes à raison de douze deniers
par livres.
Les habitants devaient réduire en terres labourables les
espaces en friches ou couverts de broussailles. Le finage du
Puits des Mèzes, sis au milieu des forêts, est un
exemple typique de grainage crée par le déboisement.
Par ce grainage (contrat), il recevait non seulement l'accensement
perpétuel, mais était encore "érigé
en village et communauté".
Ceci est très important, car commençait pour les
habitants une vie nouvelle : à partir de cette époque,
ils dépendèrent beaucoup moins des religieux, et
peu à peu, gérèrent eux-même leurs
affaires.
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Un mois plus tard, les
religieux de la Crête pensèrent établir un
moulin et un four. Le 20 septembre 1598, quelques habitants du
village représentant tous les autres laboureurs, d'accord
avec les religieux, conclurent un traité dont voici les
passages principaux :
- Le seigneur abbé de la Crête pourra, quand bon
lui semblera, bâtir et construire au dit finage du Puy
des Maizes, un moulin à vent, à cheval ou à
bras, comme aussi un four pour cuire les pains des dits habitants.
- Ce moulin et ce four, quand ils seront construits, deviendrons
banaux aux dits habitants et leurs hoirs (héritiers),
qui ne pourrons ni moudre ni cuire ailleurs, sous peine d'une
amande de soixante sous et de la confiscation au profit des religieux
du grain et du pain travaillés en fraude.
- Les droits de mouture et de fournage se paierons aux saux des
moulins de la Crête et du four banal de Bourdons, c'est
à dire à raison de 24 bikets, l'un au dit moulin,
et d'autant au dit four.
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Le contrat du 19 août
1598 indiquait la limite des terres du Puits des Mèzes
d'une manière un peu vague. Un bornage était nécessaire.
Par un mandement de l'évêque et duc de Langres Des
Cars, daté du 26 avril 1599, une tranchée et séparation
avait été faite par un nommé Gaillard, garde
des bois de la Crête, assisté de Petit et Boucher,
forestiers, suivant les indications du contrat.
Le 14 juillet 1599, sur une place publique du village, devant
la maison du dénommé Pierre Gautherot, en présence
de Francois Durand, juge des terres et seigneureries de la Crête,
de Claude Foin, procureur de l'abbaye, de plusieurs religieux,
des gardes Gaillard, Petit et Boucher, gardes des dits bois,
sont comparus les habitants du Puy des Maizes, "assemblés
en fait de communauté" :
Il est alors décidé que les tranchées à
présent faites servirons de séparation entre les
finages dudit Puy des Maizes et bois desdits seigneurs de la
Crête, et qu'à cette fin et pour une perpétuelle
mémoire, seront, au lieu où sont de présent
faites lesdites tranchées, mises bornes hautes et apparentes
par lesdits Gaillard, Petit et Boucher, gardes desdits bois,
Pierre Thiebault et Jean Thivet, deus desdits habitants. Lesquelles
bornes seront lignées au dessus pour se rapporter l'une
à l'autre et du costé de ladite abbaye de la Crête
sera faite une crosse, du casté dudit Puy des Maizes une
croix pour servir de distinction à l'avenir.
Ces bornes armoiriées, au nombre de cinq, furent posées
entre le 14 et le 28 juillet 1599. Elles existent encore et séparent
toujours les bois du Puits des Mèzes et ceux de la Crête.
Leurs faces présentent la crosse et la croix, grossièrement
taillées en creux.
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Danc cette même assemblée,
les habitants ayant démontré que pour les affaires
de leur communauté, il leur fallait un procureur et un
échevin, il fut requis qu'il leur soit permis de procéder
à l'élection de ces magistrats.
-Après s'être retirés quelques instants pour
conférer ensemble, ils firent savoir par l'organe de Pierre
Gautherot qu'ils avaient élu JeanThivet et Pierre Thiebault,
auxquels ils donnaient tout pouvoir d'administrer les affaires
de la communauté pour un an commençant ce jourd-huy,
promettant avoir pour agréable ce qui serait fait par
eux.
Les assises devaient se tenir sous les quinze jours.
G LOBEROT |
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