LE NOM DU VILLAGE, LE PUITS-DES-MEZES AGGLOMERATION

* Sur le cadastre : Biesles feuille 412/C/1.
* Sur le RIVOLI : Biesles 13 208/W.
* Sur mon plan de repérage : B4/B5
* Sur les plans de bornage d’Auguste CRANCE :

La “Saison du Tour de Ville” qui entoure le village proprement dit.
N.B. Ville est peut-être un souvenir de la métairie initiale. “ La Villa ” ce toponyme gallo-romain de villa, ferme, pourrait évoquer les vestiges d’habitations anciennes repérés dans la Combe de la Réserve si proche du site actuel du village. Ce serait là une hypothèse bien hasardeuse. Nous n’avons en effet, jusqu’à présent, aucune preuve que des établissements humains structurés aient subsisté dans l’aire du Puits-des-Mèzes entre l’époque gallo-romaine et la fondation de la métairie, puis du gaignage, par l’abbaye de la Crête. Nous reviendrons sur ce problème des “saisons” en étudiant les microtoponymes de la clairière.

Passons en revue les principales interprétations du nom du village :

1/ Une tradition locale, vivace, puisqu’elle a répondu à mes questions d’enfant et qu’elle m’a encore été proposée à l’Automne l984, fait de Mèzes un nom de Famille. Les Mèzes auraient été des bûcherons, dont on ignore l’origine, qui auraient creusé le Puits autour duquel se seraient groupées les cultures et les maisons. (Le puits à été foré en 1843!)

2/ Prenons l’avis des spécialistes.

2-1/ Emile Leclerc, dans la lignée d’Auguste Longnon, a retenu la signification de Puits des Cultures.

2-2/ Gérard Taverdet date de 1653 la forme la plus ancienne relevé, dans le dictionnaire topographique de Roserot “Le Puis des Meses” ( Roserot a écrit “Le Puis des Maizes”.
(La traduction de l’abornement du 30 Mai 1552, contenue dans le fonds Mugnier-Maitrier, retient la forme “Puys des Meize”.

Il indique l’étymologie latine mansa (mas, meix ) dans le sens de terres attribuées à des paysans.

2-3/ Georges Loberot interprète Puits-des-Mèzes comme Puits des cultures, estimant que Mèzes, vient du latin mansus qui signifie exploitation agricole. Le mansa (mausus) est à partir du 5ème siècle la terra salica, le principal élément de la propriété territoriale. Sous les mérovingiens et les carolingiens c’est une habitation rurale avec une quantité de terre définie par un certain nombre de “borniers” : Un bornier = 1ha28a.) Il fait d’ailleurs référence explicite à Auguste Longnon. La note (1) est extraite du fond Magnier-Maitrier.

2-4/ L’abbé Petermann qui cite G Loberot (voir supra) estime que “Mèzes parait venir du vieux mot maix ou meix qui, lui, découle régulièrement de masum, masos et qui désignait un terrain clos avec jardin et lieu pour bâtir et même avec maison déjà bâtie ”.

2-5/ Madame Marianne MUL0N (que je remercie vivement pour l’amabilité de sa réponse) se réfère au dictionnaire étymologique de W. von Wartburg. Ce dernier, citant un document de Bar le Duc daté de 1247, traduit l’ancien pluriel du dialecte roman “meises” par fonds, héritage, appartenant à un même seigneur mais divisé en petites métairies affectées chacune à un ménage. C’est le système médiéval par lequel le seigneur divise son domaine en lots appelés “manses”, attribués chacun à une famille contre redevance. Toutes ces interprétations sont tout à fait cohérentes avec ce que nous savons des origines historiques du Puits-des-Mèzes. Ici le seigneur est ecclésiastique, c’est l’abbaye de la Crête, en 1528 il lotit un essart . Loberot et l’abbé Petermann nous détaillent les conditions de l’attribution des manses, pardon, des mèzes, et énumèrent les redevances.
En somme, le “gaignage” du Puits-des-Mèzes c’est l’ensemble des lots, des métairies, des “mèzes” concédés aux colons pour essartage et culture.

3/ Et le Puits ?

Il n’y a actuellement aucune source, aucun puits sur le territoire de la commune.
Il semble qu’il en ait toujours été ainsi. Ecoutons G. Loberot : “Au début du XVI ème siècle, alors que ce village n’était qu’une simple métairie dépendant de l’abbaye de la Crête, au milieu des jardins, sur le côté Ouest de la mare actuelle, désaffectée et en cours de comblement, se voyait un petit puits ou plutôt une cuvette argileuse évasée et peu profonde, à sec l’été”. Voici qui ressemble fort à la description d’un “marchat”. Nous retrouverons bientôt ce mot.
Quid de “La Fontaine des Sarrazins localisée au Puits-des-Mèzes par G.DRIOUX (Cultes indigènes des Lingons 1934) ???
Un puits de 20 m de profondeur a été foré en 1843 presqu’en face de l’église. On voit encore les dalles qui ferment son ouverture. Il n’a jamais donné d’eau. Jusqu’en 1953, date de mise en service des adductions d’eau de la Crête, les habitants devaient se contenter de l’eau pluviale recueillie des toits dans les citernes. C’était parfois insuffisant pour le bétail l’été.
Soulignons le paradoxe d’un Puits, appellation d’un village sans eau.
Il est vrai que nous sommes dans un secteur de sol perméable où le moindre point d’eau même temporaire, pouvait jadis être baptisé puits, comme c’est encore le cas dans les déserts arides.

4/ Pour en revenir à Mézes.

Signalons tout d’abord que la carte de Gassini indique un “Bois les Mèze” près de la Source du Rognon, au Nord de Sarrey.
A Mareilles le RIVOLI cote B 112/Y “ les Mazées ”
Au 18 ème siècle existait à Chaumont une “rue des Mèzes” ( E. Jolibois)

Pour la bonne bouche deux curieuses interprétations!

4-1/ On m’a parfois dit, je ne sais qui, où, ni quand, que le Puits-des-Mèzes était le Puits des Lépreux. C’était, je pense, établir une analogie entre Mèzes et “Méziaux”, appellation que l’ancien français a parfois donnée aux lépreux. On avait ainsi tendance à voir, contre toute évidence historique, l’origine de Puits-des-Mèzes dans une annexe, une ferme de la Maladière, cette léproserie des bords de la Marne, au pied de Chaumont.
Il faut cependant noter qu’il serait bon de rechercher la part prise par la Crête dans l’entretien de cette maladrerie et la destination de cette ancienne métairie du Puits-des-Mèzes ainsi que la date de sa fondation.

4-2/ Il serait tentant d’aventurer un rapprochement entre Mèzes et Mézières dont l’étymologie se trouve dans le latin “macerias”, ruines.
L’abbé Petermann cite cette hypothèse de l’abbé Roussel et de M. Abraham : “il parait que ce village existait déjà au XII ème siècle sous le nom de Magnil ou Ménil”. L’abbé Roussel évoque en effet les appellations suivantes : Puteus Mezarum, Puteus Masnillorurn, Masnillus. Est-ce du latin ecclésiastique?
Après avoir démontré la fragilité d’une étymologie Mèzes, Masnillum, l’abbé Petermann situe le Ménil entre Forcey et Bourdons sur la foi d’une certification de donation datée de 1169 et dont je dois aux Archives Départementales une claire copie à la machine. Voici. dans le latin ecclésiastique la phrase significative de l’acte : “...terram de Masnilo que est intra territorium de Bouduns et de Fosse sita”. Les confins Bourdons/Forcey, nous voilà bien loin du Puits-des-Mèzes. Sur ces confins, comme le rappelle l’abbé Petermann un espace de terrain assez considérable porte actuellement ce nom du Magnil.
Le RIVOLI cote pour Bourdons :
Le Magny B 100/F.
La Combe du Magny B 037/F.

Il semblerai par ailleurs acrobatique de se raccrocher, pour ces ruines, aux vestiges que nous avons déjà signalés dans la Combe de la Réserve et qui n’ont pas laissé de trace dans la toponymie? Nous reviendrons sur ce problème a propos des “Fontenailles” qui, d’ailleurs, ne sont pas sur le territoire de notre village, du moins en ce qui concerne le point d’eau de ce nom.
Pour l’instant ne faisons pas remonter le Puits-des-Mèzes au-delà du début du XVI ème siècle et tenons-nous en pour l’étymologie à Puits des exploitations agricoles.

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